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8 mai 2008

 

Lorsqu’en 1998 a été pondue la nouvelle réglementation ULM, le Gédéon s’est précipité chez son banquier, en bon petit porteur qu’il est, pour acheter des actions Testut. En effet, vu comment était présentée la chose, il était absolument évident que tous les utilisateurs d’ULM allaient se hâter d’aller acheter des balances. Ben rien du tout, oui, qu’ils se sont équipés, et que du coup Testut est allé au tapis, et qu’on a dit que c’était la faute au Bernard…

 

Il n’en demeure pas moins, que dit le Gédéon, qu’un pilote ULM qui n’a pas vérifié lui-même la masse à vide de son avion n’a pas bien compris jusqu’à quel point il est désormais responsable de tout. Regarde bien : le texte dit qu’il y a une fiche de pesée, à vide, dans une configuration donnée, en ordre de vol, et reproductible. Le constructeur, s’il s’agit d’un machin fabriqué en série, fournit aux autorités une fiche de pesée de référence, qui sert juste à montrer que le truc, là, peut être un ULM. Après, si tu l’alourdis, ton merdier, il peut ne plus être un ULM, au sens de sa masse à vide. C’est bien pourquoi le texte précise que les conditions de la pesée de référence doivent être reproductibles, ce qui ne signifie en aucun cas que la série dusse y être absolument et rigoureusement conforme. Tu as le doit d’ajouter des options, dont tu prends la responsabilité.

 

Or donc, puisqu’on dit par ailleurs que le pilote ULM est responsable en toutes circonstances de la navigabilité de sa machine, il est donc évident que c’est à lui, et lui seul, de vérifier la masse à vide de sa machine, celle dans laquelle il fait le tour de son bois, et non plus celle qui a été pesée à l’usine. Eh oui ! Surtout que le Gédéon le sait bien, que les constructeurs ont comme une tendance à afficher, dans leurs réclames, le poids des ULM comme ils annoncent les prix : en hors taxes. Or, le poids du machin, enfin, la masse pour être plus précis, c’est en TTC qu’il faut la connaître !

 

Et voilà ! Que du coup, comme beaucoup de pilotes ULM l’ont pas compris, ça, Testut a fait faillite, et le Gédéon y a perdu une récolte de patates !

 

Parce que ces pilotes-là, ils sont comme les tribunaux, que dit le Gédéon : ils « confondent » le code du commerce et le code de l’aviation civile, qui disent pas pareil. Selon le truc du commerce, quand tu achètes, ce qu’on te vend doit être conforme à ce qui est écrit dessus. Si on te dit « yaourt aux fruits rouges » sur l’emballage, et qu’en vrai c’est du yaourt à la moutarde, tu peux te faire rembourser, si t’as que ça à foutre, d’après le code du commerce. En revanche, selon le code de l’aviation civile, c’est à toi de t’assurer qu’il s’agit bien de fruits rouges, et non pas de moutarde. Et le fait de savoir qui aurait ajouté la moutarde, ne change rien à l’affaire ! Le keuf de l’air, c’est du code de l’aviation civile, qu’il va te causer, pas du machin du commerce, et que là, tu pourras toujours lui dire « je savais pas c’est le vilain monsieur qui m’a vendu qui m’a dit », lui, rien à foutre, qu’il en aura, de ça. En revanche, le juge, lui, tu vas le voir avec le code du commerce, que lui, pour le coup, il s’en branle de l’aviation civile, au sens figuré bien entendu, sauf si tu tombes sur l’onaniste juge Zamour à Angoulême, que cette histoire-là le Gédéon en rigole encore…

 

Et attention, hein, le Gédéon n’est pas en train de prendre la défense du vendeur, non, il s’en fout, du vendeur, comme de sa première paire de chaussettes, à lui, et au vendeur, tiens ! Le vendeur qui vend un truc plus lourd que ce qu’il annonce est commercialement un escroc, mais ça n’empêche pas que du point de vue de l’aviation, l’escroqué qui n’a pas vérifié est en faute.

 

Mais bon, au bout d’un moment, au-delà de ces considérations bassement juridiques et masturbatoires, n’est-il pas évident qu’un pilote responsable doive tout de même savoir quelle est la masse à vide de son avion, pour pouvoir en estimer la charge utile et le centrage ? De son temps à lui, au Gédéon, c’est comme ça qu’on apprenait, en tous cas…

 

« Etre homme, c’est précisément être responsable » dit St Exupéry, que pour une fois qu’il nous cause pas de moutons le Gédéon va pas se priver de le citer…

 

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