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12 mai 2008

 

Gédéon t’a déjà expliqué ici en quoi l’ULM, normalement et par défaut, est monoplace. Rappelons-nous vite fait : en auto, à moto, en avion, en bateau, bref pour tous les véhicules à moteur, lorsque tu as ton permis, il te donne le droit de trimbaler autant de passagers qu’il y a de sièges prévus pour. En ULM, non. Ton brevet est monoplace. Après, si tu veux prendre un passager, il te faut une qualif « emport passager ». Ce n’est pas un hasard, que le Gédéon t’explique : laisser voler des cinglés sur des trucs non certifiés (ben si, réfléchis un peu, dans un monde où on te protège de tout, faut être un peu attaqué du bulbe pour accepter de prendre ses responsabilités), passe encore, mais de là à ce qu’ils trimbalent des innocents, faut pas déconner quand même !

 

Or donc, voilà, l’ULM est donc génétiquement monoplace par défaut, et biplace par exception. Le Gédéon t’a déjà expliqué en quoi aussi la France est le seul pays qui accepte de ne pas certifier un aéronef qui peut transporter des innocents. Partout ailleurs, l’ULM est certifié, c’est çà dire qu’à un moment ou l’autre, un représentant de l’Etat, ou un délégataire, met son nez dans le truc pour décider si ça correspond ou pas aux normes en vigueur. C’est bien souvent de la poudre aux yeux qui entretient un système douteux, mais ça on en causera une autre fois. En tout état de fait, il y a certification. Plus ou moins présente, et plus ou moins efficace, mais passons, donc.

 

Toujours dans ces partout ailleurs, les seuls cas où l’on accepte que le truc ne soit pas

certifié, c’est en monoplace : aux Stazunis, chez les Grands Bretons, et autres. Or, bon, des fois que t’aurais pas trop remarqué, la mode est à la standardisation. On veut tout faire pareil comme les autres, et inversement. Ça foire des fois, certes, comme quand les américains font leur LSA et les européens leur ELA, mais, bon, restons en Europe, pour voir. L’harmonisation est en cours, on le voit, et c’est très drôle, même. Pour les aéronefs de moins de 450 kilos, on a trouvé que ça pouvait concerner encore chaque pays, mais ne va pas durer, cette affaire-là. La fameuse annexe II, elle est aussi solide que les traités de paix franco-allemands, que dit le Gédéon. Il faudra donc, tôt ou tard, que l’on décide d’une règle commune, que d’ailleurs ça sera bien plus pratique pour les ceux qui voyagent, vu que pour le moment, traverser les frontières en ULM relève du régime d’exception dans le meilleur des cas, et se pratique dans l’illégalité dans la plupart des.

 

Et tu vas croire, toi, qu’on fera un nivellement par le moins-disant ? Que non, on te foutra la certification partout, et faudra pour voler en ULM que le pilote démontre qu’il est bien sain et bien bio, et que son ULM est parfaitement conforme aux normes mises en place par des gens qui n’en ont jamais vu des près, des ULM. C’est à peu près inéluctable, cette affaire-là, et si tu suis régulièrement les billets gédéonesques, tu verras comment dans les semaines à venir il sera démontré que l’évolution de la réglementation française depuis dix ans amène petit à petit et en prenant l’air de pas y toucher, un changement de perspective qui annonce ce qui va venir bientôt, vu que pour le moment personne ne proteste.

 

Et bon, ce que dit le Gédéon, c’est que si l’ulmiste européen veut encore pouvoir se garder un petit espace de liberté, il a vraiment grave intérêt à prendre les devants, et à militer activement pour que le monoplace, au moins, sorte de ce système-là, et puisse conserver ce qui fait l’intérêt de l’ULM par rapport à d’autres engins volants : le fait que ce soit encore un des seuls domaines dans lesquels on considère que l’être humain est capable de décider seul ce qui est bon ou pas pour lui…

 

Parce que de toutes façons, ce jour-là, on te dira que normalement, l’ULM français était monoplace. Tu l’avais juste un peu oublié, que dirait le Gédéon.

 

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