Fly to Dakar (septembre 2002)
Exculisivté Web
Fly to Dakar : Sahara marocain !
Jeudi 12 septembre 2002 : Boujdour - "Dakhla" : 2 h 15 "Dakhla" - Nouadibhou : 3 h 40
Pierre-Jean le Camus
Nous décollons relativement de bonne heure mais pas trop, de manière à ne pas subir au décollage les affres d'un vent qui forcit dans le temps, tout en nous réservant le loisir de l'exploiter une fois en l'air. Nous l'ignorons encore, mais aujourd'hui sera notre plus grande journée, du moins si l'on considère la distance parcourue : plus de 700 kilomètres ! La première étape prévue est Dakhla, mais nous hésitons à y poser, car le vent, qui nous pousse bien du nord, sera un handicap pour remonter les presque 50 kilomètres de la presqu'île qui abrite cette cité. La pointe est distante de quelque 20 kilomètres de la côte, nous préférons ne même pas penser à un survol maritime, dans cette région où les moyens de secours sont quasi inexistants. Nous nous contentons donc de suivre la côte, la route, enfin, la côte. Elles sont confondues, nous suivrons donc la croute, ou la rote, comme tu veux ! Depuis Laayoune, le paysage est le même, qui ne changera qu'après Dakhla. C'est un peu soporifique, pour tout dire. En parvenant à proximité de la lande de terre qui part vers Dakhla, nous trouvons une station, vers laquelle nous descendons pour refueller : nous ne verrons donc pas Dakhla, du moins pas de près.
Un certain pataquès surviendra au moment d'en repartir. En effet, après avoir, tradition incontournable, montré deux ou trois fois nos papiers à plusieurs fonctionnaires, voilà une Jeep de la gendarmerie qui nous fait des signaux de phares, alors que nous sommes déjà en position de décollage, habillés, moteurs tournants, alignés sur la route ! Je coupe mon moteur comme le veut le savoir vivre pandorien, puis commence à expliquer avec conviction et sans arrière pensée au monsieur, au demeurant toujours aimable, que ses nombreux collègues nous ont déjà contrôlés, que nous nous trouvons ici en position délicate, voire périlleuse, luttant avec force pour tenir nos ailes dans un vent soutenu. Il comprend, mais suit tout de même la procédure, avec juste une hâte inhabituelle. Bon. Tirage de ficelle, c'est enfin parti ! Nous savons alors que nous serons ce soir en Mauritanie, mais sans trop en parler, l'expérience acquise en dix jours nous a appris à faire preuve d'humilité en matière d'objectif. Il nous reste tout de même près de 400 kilomètres à parcourir, c'est la mi journée, enfin quoi, ça peut le faire, non ? Nous poserons à Guerguarat, juste avant la frontière, afin de faire un dernier plein détaxé (le carburant est tax-free dans tout le Sahara marocain – dit Sahara Occidental). Nous avons pu constater que tous les villages sont pourvus d'au moins une pompe à essence. La vitesse sol est très bonne, de l'ordre de 130 kilomètres à l'heure ! Le paysage est différent, la côte, jusqu'ici composée de falaises accidentées que l'Atlantique continue de ronger, s'abaisse, donnant vraiment l'étrange impression d'une plage à perte de vue. Le golfe de Cintra est particulièrement recommandable ! Quelques kilomètres après Dakhla, nous avons passé le Tropique du Cancer. Hélas, la visibilité n'étant pas idéale, nous ne l'avons pas vu. Nous savons que nous avons environ 3 h 30 d'autonomie, et encore, en écornant un peu les réserves légales d'une demi-heure. Guerguarat apparaît au bout de 3 bonnes heures. Un village, ça ? Trois baraquements, puis encore la route, qui finit brutalement sur une barrière de barbelés à perte de vue, formant une parfaite ligne droite, exactement comme sur la carte ! Mais d'essence, point ! Joie ! Personne ne parle dans l'avion, comme dit l'expression consacrée. J'invite Pascal à lever la jambe, jette un œil aux réservoirs…bigre, va falloir la jouer serré ! Nous continuons donc cap au sud, en tentant de gérer au mieux la trajectoire et le régime moteur. 60 kilomètres nous séparent encore de Nouadibhou...