Fly to Dakar (septembre 2002)
Cap sur St Louis, en suivant le Sénégal. La nombreuse présence des petits arbres réduit les possibilités de vache, mais qu'importe, nous y sommes, le but est atteint, ou presque, on est comme le marathonien qui aperçoit la ligne d'arrivée, qui se retourne, constate que son avance est suffisante, que plus rien, désormais, ne pourra l'arrêter, que la course est gagnée, qu'il est le Champion ! Nous avons la fréquence de St Louis, les relations entre pays semblent ici très bonnes.
Mais hélas, personne ne répond. Qu'importe, Stéphane travaille en auto-info, nous posons nos machines sur la piste actuelle, qui se situe à 300 mètres de l'ancienne, laquelle ne correspond pas elle-même à celle usitée par l'Aéropostale, qui se trouve sur la plage. Cette dernière est exploitée par Hervé Cousquer, déjà évoqué par ailleurs. Il est en France actuellement, nous n'avons aucune raison de lui rendre visite. Nous venons de traverser une frontière, il y a donc un certain nombre de démarches à effectuer : douane, plan de vol. Le seul problème est que l'aéroport est absolument désert, et nous n'osons pas franchir les barrières pour partir à la recherche d'une âme, nous serions dans l'illégalité.
Au bout d'une bonne demi-heure survient Mamadou, qui nous explique qu'il est le gardien du lieu, et que son oncle, contrôleur, est à la sieste. Il va venir tout à l'heure. Je trépigne un peu à l'idée que notre plan de vol de sera pas clôturé dans les temps, mais bon, si tels sont les usages…Mamadou nous propose d'entrée le gîte et le couvert pour ce soir, moyennant finances bien sûr, et c'est tout naturel. Nous regretterons bien d'avoir accepté sa proposition, dont les promesses ne furent pas tenues, et loin de là. Nous avons dormi à même le sol, dévorés par les moustiques, avec toute sa famille dont notre contrôleur, qui se lève à 4 heures pour chanter ses prières.
Tiens, justement, le voici qui arrive. Je le suis dans sa tour. Il m'explique alors que normalement son terrain est fermé à la circulation aérienne le dimanche, mais ne nous tiendra pas rigueur de notre ignorance, qui semble générale. Le plan de vol est clôturé, il s'assure que les autorisations de survol sont à jour, puis m'annonce, après un échange téléphonique avec Dakar, que nous risquons d'avoir des ennuis là-bas. Je n'en saurai pas plus. Je sais que je suis à jour : il suffit pour survoler le Sénégal d'envoyer une demande d'autorisation par fax, qui est considérée comme acquise si aucune réponse n'est parvenue dans les 72 heures. J'ai cette demande, ainsi que l'accusé d'émission du fax. Que peut-on encore me réclamer de plus ? Peu importe, on nous laisse aller jusqu'à Dakar ! Même si je dois encore y passer des heures à palabrer, nous aurons atteint notre but.
Ce soir, nous dînerons en ville, après une décevante visite de circonstance à l'Hôtel de la Poste, dont l’authenticité est contestée. Nous traverserons à pieds le pont de 550 mètres qui relie les deux côtés de la ville, construit par Gustave Eiffel, mais depuis quasi abandonné.
Lundi 16 : St Louis - Dakar : 2 h 15
Dernière étape ! Nous décollons de St Louis, neuvième du nom, le cœur léger. Je suis encore derrière, ce qui fera regretter à Pascal, toujours plein d'altruisme et de générosité, le fait que je n'aurais pas posé à Dakar, donc pas vraiment mené mon petit défi jusqu'au bout. Pour moi l'objectif est atteint. Je voulais aller à Dakar sur mon pendulaire, et j'y arrive. Nul, et en tous cas pas moi, n'avait imposé que j'en fusse le seul pilote, il n'y a donc aucun problème, le bonheur reste entier. Nous suivrons la côte, encore une fois. Pour la dernière fois.
Dernière étape, c'est énorme ! Voilà 8 mois que nous préparons ce raid que je rêve depuis des années, et dont la concrétisation, grâce au concours de Stéphane, fut apportée il y a presque un an. Et voici que c'est aujourd'hui, le 16 septembre 2002, que la chose va se réaliser totalement ! J'ai du mal à le croire, et m'imagine que je comprendrai plus tard, comme je te l'ai dit plus tôt. Imagine une fille que tu désires depuis des années (si, si, la chose existe), et qui te refuse pour la simple raison que tu ne lui a jamais vraiment dit ton amour, et qui soudain te paraît accessible, qui semble enfin t'ouvrir son cœur. Tu y es ? Ben t'en es loin ! La visibilité est encore médiocre. Dakar se fait désirer, peu importe, disons même tant mieux, nous le voulions. Le lac rose vraiment rose surgit, qui marque l'entrée de la CTR, nous nous annonçons. Autorisés atterrissage, sur la piste de l'aéro-club. Après une verticale des installations sur lesquelles le ballet des liners continue, Pascal nous prolonge le plaisir de l'attente d'un long radada sur la piste. Enfin, les roues crissent sur le bitume.
Epilogue
Alors quoi ? Nous avons montré qu'il est possible de rallier Dakar depuis Paris à bord d'un ULM tout à fait basique. Nous avons mené à bien ce raid sans assistance terrestre, sans GPS, avec la seule conviction que la chose était possible, certitude d'autant plus mystique que personne, jusqu'alors, ne pouvait l'entériner d'un avis illustré d'une expérience préalable. Olivier Aubert, parrain de notre petit raid, lui dont le terrain de jeu, sur son pendulaire, se limite à son grand regret aux frontières du monde, mais qui mène ses voyages avec d'avantage de confort que nous, avait prédit que l'on trouverait nos os blanchis dans le désert. Je crois que j'ai un peu oublié de transmettre cet avis à mes partenaires, et je m'en excuse auprès d'eux. C'était donc une première. Il existait encore une question à laquelle personne au monde ne pouvait répondre. Nous y avons répondu. Sans doute ouvrirons-nous d'autres brèches, tellement la chose est bonne.
Je te passe le récit des heures de palabres à Dakar, sûr que tu sauras me trouver quand tu auras besoin de moi. A tout à l'heure, l'ami, toi qui va, je l'espère, faire encore plus fort ! Quoi, qu'est ce que tu dis ? Tu veux faire ce truc tout seul, avec une motorisation auxiliaire ? T'es un "vrai secoué du bonnet, toi", pour citer Aubert parlant de nous.
Respect ! Mais dépêches-toi, on n'est pas loin devant !
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