Championnats de France 2013
Article paru dans ULMiste n°15, mai 2013
Championnats de France, des jeux et des hommes
A ULMiste, nous avons pris le parti, afin d’offrir à nos lecteurs une information la plus précise qui soit, de ne parler en profondeur que de ce que nous connaissons. Ainsi en est-il du vol loisir en ULM en étant propriétaire de son appareil, de l’instruction, de la vente de machines, du travail aérien, du voyage au long cours, organisé ou non, etc., tous domaines dans lesquels nous bénéficions de solides expériences.
Mais il en est un dont nous ignorions tout, ou presque : la compétition. Quelques jours passés aux championnats du monde 2001 en Espagne ou bien encore une présence symbolique à la remise des prix d’autres compétitions ne suffisaient pas, à nos yeux, à évoquer ce sujet en profondeur. Nous y avons donc remédié, pour partie, en proposant nos services à la direction de course des derniers championnats de France, en attendant d’avoir nous-mêmes une expérience comme compétiteurs.
Notre ambition est d’aujourd’hui de tenter d’expliquer en quoi consistent les épreuves et en quoi la participation à une compétition est non seulement une formidable occasion de progresser en pointant ses lacunes, mais aussi, voire surtout, une bonne fête ULMique au cours de laquelle on s’amuse bien entre les vols et, parfois même, pendant !
Samir Elari, directeur de course depuis l’an dernier, m’a offert d’être son arpète, ce que j’acceptai avec plaisir : le garçon est sympa et depuis quinze ans que nous nous côtoyons plus ou moins régulièrement, nous avons pu mesurer que nous nous entendons plutôt bien.
La compétition démarre jeudi 9 mai, nous arrivons lundi 6 au soir, afin de nous accorder deux jours pour tout préparer. Enfin, moi je ne fais que suivre le mouvement, je n’ai aucune idée (ou alors assez vague), de ce que sera mon taf. Dès mardi matin, le Patron me demande d’aller suivre le parcours de l’épreuve numéro une avec José Ortéga, patron de la compète paramoteur Slalomania, afin qu’il prenne des photos que les équipages devront retrouver sur le parcours qui leur sera imposé. On nous équipe de deux « camemberts », on fixe les cartes dessus et nous voici partis pour les 83 km de ce qui est prévu pour être la première épreuve.
Epreuve 1 « domaine de vol »
Il s’agira pour les participants de suivre une nav avec point d’entrée et point de sortie distincts (à moins de 3 kilomètres du terrain). Sur cette nav, le segment de droite le plus long mesure moins de 10 kilomètres et les changements de direction sont en général de 90° minimum. Les points de virage (balises), sont assez simples : carrefours, intersections. Tout au long du parcours, il leur faudra trouver 8 photos et les positionner sur la carte, mais attention sur ces 8, une est fausse, c’est-à-dire qu’elle n’est pas sur le trait de la nav.
Une fois notre mission accomplie, nous rentrons nous poser devant les ordis pour situer les photos grâce à Google Earth, préparer les documents pour les corrections, ceux à remettre aux équipages, etc. Du gros boulot, en fait ! Pendant que je prépare les docs sur les instructions du Boss, lui continue de réfléchir à cette épreuve, ainsi qu’aux suivantes. Il existe certes un catalogue d’épreuves, mais il appartient au directeur de course de les adapter en fonction de la météo, de ses envies, du niveau global des pilotes, etc. Ainsi, Samir a l’idée d’imposer, en plus de suivre le trait et de trouver les images, des tenues de vitesses : sur chaque branche et successivement, vitesse max et vitesse mini. Vitesse max de PE à P1 (voir image ci-dessus), vitesse mini de P1 à P2, max de P2 à P3, etc. Puis, sur les segments P7 à P8 et P8 à P9, une montée à pente max suivie d’une descente à pente max ! Avec tout ça, personne ne va s’endormir !
Comptage des points (« scoring »)
Traditionnellement, selon les règles établies par la FAI (Fédération Internationale Aéronautique), le meilleur score, parmi les participants, marque 1000 points. En fonction du nombre de points tournants survolés (tolérance de 250 mètres en latéral), de la régularité dans les tenues de vitesses, etc. Les suivants marquent des points au prorata du meilleur et il peut bien sûr y avoir des ex-æquo. Des GPS aveugles sont confiés à chaque machine, qui donneront le déroulé de leur navigation une fois revenus au sol.
Les participants
Avant de détailler plus avant les épreuves, dans nos prochains numéros, présentons les participants à ce championnat de France. On s’imagine bien souvent que les compétiteurs sont des êtres venus d’ailleurs, chevauchant des machines soigneusement préparées en atelier et dopés à on ne sait quelle drogue ULMique (des contrôles anti-dopage existent en international, vu qu’on n’a pas d’argent mais qu’on le dépense quand-même…)
Mais en vérité, les compétiteurs sont des pilotes comme les autres, même et y compris ceux qui viennent au national en entraînement pour les mondiaux. Ceux-là, bien qu’ils se prennent parfois un peu au sérieux, sont aussi, avant tout, des pilotes ordinaires, volant ou instruisant sur leur petit terrain, la semaine. Pas de professionnels ici, très peu d’implication des constructeurs et, au final, aucun autre enjeu que celui de décrocher une médaille en cochonium massif sur un podium branlant et trop petit. On vient donc ici pour le plaisir avant tout et qu’il n’y a qu’en international qu’une partie des frais est prise en charge par l’Etat via la fédération. Ce système, dont l’argent public et les constructeurs sont quasiment absents au seul bénéfice d’une saine participation coubertine, donne tout de même des résultats très honorables. Dans quelle autre discipline, y compris celle dont les sportifs roulent en super-cars toutes options ou volent en EC120 (Sébastien Loeb), comptons-nous autant de champions mondiaux depuis 30 ans ? Il existe une réponse : dans des disciplines tout aussi confidentielles que l’ULM !
Même le rugby français n’a pas vu ses résultats varier profondément quand il a permis, en 1995, à ses joueurs de passer de plombiers, avocats, paysans ou restaurateurs à joueur de ballon professionnels.
Ces non-professionnels de la compétition, les voici, enfin : les compétiteurs de cette édition des championnats de France n’étaient pas tous chevronnés, loin de là ! Il y avait au contraire une majorité d’équipages qui venaient pour la première fois. Aucun ne le regrette !
Trois-axes monoplace : un seul participant, Wilfrid Rouff, avec son Coyote I, un des rares exemplaires présents en France (3 à notre connaissance). Jeune pilote, il venait ici pour s’amuser et se perfectionner. Il sera classé avec les pendulaires monoplaces, mais avec un classement à part au final et, du coup, une récompense garantie !
Pendulaires monoplaces :
Jean-Michel Serre : toujours avec son Ellpise Alizé surmonté de l’aile sans mât Titan, que nous avons essayé dans ULMiste. Il était là cette année avec un moteur de kart Suisse « Swissmotor » qu’il venait d’avionner et sur lequel il avait moins d’une heure de vol au moment de prendre le départ. Compétiteur international, Jean-Michel est le « chou-chou » des compétiteurs. Chacun de ses décollages et atterrissages est salué par des applaudissements chaleureux. Ce garçon, d’un calme olympien, est véritablement attachant. « Il m’arrive de m’énerver », nous confiera-t-il, ce dont nous doutons. Il termine en tête.
Pierre Kolodjiez : le local de l’épreuve participe en mono sur son Cosmos Phase II 582 à aile Top 12.9, parfaitement dans son jus d’origine. Pour sa première participation, il termine deuxième.
Nicolas Boche : vieux de la vieille de la compétition ULM, Nicolas vient, comme Bruno Bouron, du club « PULSS », l’un des plus vieux de France. Il vole avec un Cosmos Echo 12 à moteur 462 préparé « course ». Il termine troisième.
Didier Papieau : première participation également pour Didier, sous son Racer 503 à aile XP11 de tous les jours. Il termine « bon dernier » de sa catégorie (sur 4, ce n’est pas déshonorant), avec un écart de points de moins de la moitié par rapport au meilleur, ce qui est remarquable : dans les autres classes, les écarts entre le premier et le dernier sont beaucoup plus marqués. Mais ils sont aussi plus nombreux.
Pendulaires biplaces :
Guillaume Richard et Georges Monier : champions de France, d’Europe et du Monde, ils sont en mode « entraînement », mais sans trop se prendre au sérieux. Leur DTA 912 S Magic est toujours aussi fidèle au poste depuis deux ans. Ils gagnent assez logiquement, mais avec une avance assez courte par rapport aux autres catégories. Les pendulaires biplaces sont la catégorie dans laquelle les classements sont les plus serrés, précisément parce-que c’est la classe qui comporte le plus de compétiteurs chevronnés.
Eric Groby et Laurent Rapiteau : un journaliste avait un jour imaginé d’opérer une contraction de leurs deux patronymes, mais celle-ci leur déplaisant, nous nous abstiendrons. Compétiteurs internationaux depuis 12 ans et déjà vainqueurs en national, ils ont annoncé que ces championnats de France seraient les derniers. Ils vont désormais voler pour leur loisir et voyager. Il est vrai que la pratique de la compétition à haute dose comme eux implique beaucoup de sacrifices et de temps, sans aucune contrepartie pour eux. Un professionnel peut à la limite afficher ses trophées pour rassurer ses clients, mais un particulier n’a rien à gagner. Ils finissent deuxièmes sur leur Skypper BioniX 15 à moteur 912 S injection (voir par ailleurs dans ce même numéro). L’hélice Arplast d’origine étant remplacée par une Duc Flash dont ils assurent obtenir de meilleures performances, la machine est en « construction amateur ».
Patricia et Bruno Roumier : présentée dans le dernier numéro de ULMiste, Patricia y a également largement évoqué son homme. Compétiteurs depuis leurs relativement récents débuts en ULM, ils jouent vraiment la gagne et leur détermination fait plaisir à voir. Ils avaient failli ne pas venir pour cause d’inondations dans leur région de Dijon, mais se sont finalement dits que l’eau descendra dans leur maison, qu’ils y soient ou non et que, de toutes faons, il fera toujours plus sec à Mondreville (ce qui fut assez relatif…). Ils finissent troisièmes.
Bruno Bouron et Laurent Thomas : Bruno est compétiteur de très longue date (sans doute le plus ancien de toute la compète) et Laurent est instructeur à Amiens et fut champion du monde autogire l’an dernier, en navigateur de Eric Changeur. Le O2B à moteur 912 et aile Oryx La Mouette est propulsé par une hélice E-Props en croix de Saint André dont Bruno a entière satisfaction. Ils terminent quatrièmes.
Pierre Bourgues et Antoine Pagès : Pierre est instructeur à Salon de Provence (Nostradamus, représenté par trois machines), et Antoine est un élève. Ainsi, Pierre pilotait de la place arrière, ce qui ne facilite rien. Champion de France en paramoteur à chariot, c’est la première fois qu’il venait en pendulaire. Cinquièmes.
Patrick Le Roi et Jérôme Daviez : venus « pour s’amuser » en Cosmos Phase II aile Top 12.9 et moteur 582, ils sont basés chez Feuillette, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Mondreville. Pour leur première participation, ils terminent sixièmes, avec à peine moins de la moitié des points des premiers, écarts que nous pouvons trouver ailleurs entre le premier et le second. Résultat très encourageant, donc !
Patrick Lemonnier et Annick Orsat : des « touristes » qui s’assument et s’amusent ! Plutôt jeune pilote pendulaire mais toujours deltiste, Patrick s’est fort bien défendu avec son DTA 15 à moteur HKS, qui lui a bien servi sur l’épreuve d’éco, en plus de ses compétences en thermiques !
Laurent Mathieu et Thierry Bezault : venus de Meaux sur leur Airborne 912 XT à aile Cruize, ils se sont vaillamment battus jusqu’à la dernière minute, malgré que leur machine soit loin d’être une bête de course. Sans vent, ils ne décollent pas dans le porte-avions.
Didier Richard et Jean-Jacques Chillaud : venus également de Meaux, ils abandonnent au second jour, leur bord d’attaque ayant été abîmé par de la grêle lors de leur vol de convoyage vers ici. Il en résultait un comportement fort malsain, notamment en virage…
Trois-axes biplaces :
José Vande Veken et Jean-Claude Silvestre : eux sont ici en entraînement pour les compétitions internationales et ça se voit ! C’est du sérieux, on ne rigole pas ! Champion de France, d’Europe, vainqueur de la coupe du monde 2011, José est de nationalité Belge mais vole en équipe de France, son pays n’étant guère impliqué dans la compétition. Cela est possible, ses documents de pilote et sa machine étant français. Sans surprise, ils terminent en tête.
Patrice Burgio et Vincent Alexandre : eux sont amis de longue date, anciens pilotes d’hélicoptère dans l’ALAT. Patrice est désormais instructeur pendulaire, paramoteur et trois-axes dans les Pyrénées et distribue la marque Ekolot, entre autres. Vincent est toujours pilote d’hélico, mais dans la Gendarmerie désormais. Surentraînés au vol tactique et à la navigation à l’azimut, nul doute qu’ils vont compter dans le classement, d’autant qu’ils se pointent avec un Sinus ! Ils n’avaient jamais volé ensemble sur cette machine et n’avaient aucune idée des épreuves. Ils finissent deuxièmes avec à peine plus de la moitié des points des premiers, en ayant fait de grosses fautes sur certaines épreuves. S’ils continuent la compétition, ce qui ne semble pas exclu, il va falloir compter avec eux, désormais !
Thierry Coutant et Bruno Lejuzeur : leur Sky Synairgie à moteur 912 les mène sur la troisième marche du podium avec la moitié des points du premier, ce qui pour une première est d’autant plus honorable qu’au soir du premier briefing ils trouvaient les épreuves trop compliquées…
Corinne Auffret et René Manzano : venus comme d’autres du club Nostradamus à Salon-de-Provence (second plus gros club de France avec ses 180 membres), ils venaient ici pour s’amuser. René est connu pour voler habituellement sur un Corsario amphibie.
Pascal Carasco et Georges Truchet : le patron du club précité se mouille aussi. Ils ne sont pas ridicules dans les points et finissent cinquièmes sur un classement assez resserré en milieu de classe.
Philippe Pouilly et Bernard Soubrant : Philippe est relativement jeune pilote et venait ici pour progresser. Son Allegro n’est pas la dernière bête de course, mais force est de constater qu’il le mène plutôt bien, ce qui est l’essentiel.
Alain Acart et Eric Beaufils : hélas pour eux, leur Guépy connaîtra une rupture de fourche, sans gravité, qui les contraindra à l’abandon.
Autogire biplace : si l’on tient compte de la proportion de machines dans le parc, les autogires sont les plus représentés (en proportion), puisqu’il y avait 5 machines au départ.
Serge Bouchet et Laurent Oth : grosse expérience de la compétition pour Serge, puisqu’il fut déjà navigateur de Willem Vlugt dans les années 1990. Egalement expérimentés en compètes internationales, ils finissent en tête avec une assez large avance.
David Morin et Hervé Dilhan : quoi qu’à peine quarantenaire, David est un « vieux » de l’ULM et montre ici que l’expérience acquise au cours des années paie. Quelques erreurs d’appréciation, notamment une panne d’essence sur l’épreuve d’éco (0), les éloignent des premiers.
Alain et Claudette Feuillette : les stars de ces championnats ! Toujours d’égale humeur et de même allure depuis des années, on en oublie facilement qu’ils cumulent près de 150 ans à eux deux ! Ils sont beaux, ces deux-là ! Sur les épreuves de pilotage pur, Alain est de loin le meilleur manœuvrier de la session.
Eric Delhaye et Michel Kolodziej : le second est le frère du compétiteur monoplace déjà cité. Ils sont donc les locaux de l’épreuve et se retrouvent à une très courte distance du podium !
Didier Garcia et Frédéric Prat : venus du bordelais, ils se défendent plutôt honorablement pour une première, notamment en matière de pilotage pur !
Rendez-vous dans nos prochains numéros pour le détail des épreuves…
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