Dylan Lacouve
Article paru dans ULMiste n°16, décembre 2013
Dylan Lacouve, la relève !
Nos lecteurs ont rencontré Dylan Lacouve dans ULMiste n°14, alors que nous annoncions son projet de monter une patrouille ULM. Ce jeune garçon qui vole depuis qu’il est en âge de comprendre qu’il existe nous a interpelés. Sylviane Chamu l’a rencontré pour nous.
Propos recueillis par Sylviane Chamu
Sylviane Chamu pour ULMiste : je suis depuis quelques temps déjà , tes interventions aéro sur Facebook et je suis très curieuse de savoir comment t’es venue l’envie de voler ?
Dylan Lacouve : pour comprendre ma passion de l'aviation il faut remonter assez loin. J'avais neuf ans quand j'ai vu une démonstration de la Patrouille de France à Lacanau. J'étais admiratif et ça m'a vraiment donné envie de prendre de la hauteur alors j'ai demandé, pour Noël, un baptême de l'air. Le cadeau arrive et je fais mon premier vol à l'Aéroclub du Médoc. Raymonde Ricard, femme de mon futur instructeur qui n'est autre que le président de l'aéroclub, m'offre 30 minutes de bonheur pur. Mais le plaisir ne s'arrête pas là : Roger, touché par ma passion, m'offre un vol supplémentaire en ULM trois-axes « Maverick » (Murphy Aircraft). Je prends les commandes pour la première fois. Je suis saisi par les sensations qu'apporte le pilotage et tout devient clair dans ma tête : je veux devenir pilote professionnel ! Tout le monde me dit que je suis trop petit, alors j'attends… Les mois passent mais je n'arrive pas à faire sortir l'idée de ma tête : je veux piloter ! On retourne donc à l'Aéroclub avec mes parents pour y découvrir un nouvel appareil flambant neuf : le G1 ! Roger Ricard accepte et avec trois coussins sous les fesses et deux dans le dos je commence mes premiers vols d'instruction.
ULMiste : comment s’est passée cette instruction ?
Dylan : avec passion et soif d'apprendre ! Il faut dire qu'on retrouve vite la rigueur et la précision du militaire. Précision dans la prise des régimes, dans celle du pilotage, mais j'aime ça. Rien n'est laissé au hasard. Exercices de panne en campagne, pannes moteur dans toutes les configurations possibles, vols dans différentes météos parfois mauvaises… on s'amuse même à reproduire des vols militaires comme des navigations tactiques avec mission de reconnaissance. Les vols s'enchaînent, les années aussi. Les années scolaires sont toujours trop longues pour moi et je vois mon rêve approcher doucement, celui d'un jour monter à l'échelle d'un avion de chasse. D'ailleurs à chaque étape de mon parcours aéronautique quand j'accomplis quelque chose, j'ai pour habitude de dire « un pas de plus vers l'objectif ! ». C'est ce que j'ai dit en ce jour de ma 14 ème année, jour où j'ai fait mon premier vol solo !
ULMiste : comme beaucoup de pilotes, tu sembles avoir été fort marqué par ton instructeur ?
Dylan : très rapidement, en fait, il a été beaucoup plus que mon instructeur. On peut même dire qu’il a été mon mentor. Ce qu'il faut savoir, c'est que c'est une figure hors norme de l'aviation française. Roger apprend à piloter dans l'Armée de l'Air française à l'époque sur North American T6 ! Dès son premier vol solo, Roger enchaîne déjà les figures de voltige. Il sera pilote de chasse dans de nombreux escadrons de prestige en France. On le retrouve à la coupe Comète, en tant que pilote de présentation dans une patrouille de quatre Mystère IV, ou en démo « Solo Display » sur la même machine ou en Mirage III en tant que pilote présentateur dans les plus grands salons aéronautiques. Il sera plus tard pilote instructeur de tir dans la British Royal Air Force à Top Gun Britannique sur Gnat ou Hunter, mais aussi instructeur sur Mirage et F16 au Pakistan. C'est également comme pilote d'essai et de réception qu'on retrouve Roger, ce qui lui a permis de piloter une grande majorité des machines de l'Armée de l'air nationale de son époque. Mirage F1, design du cockpit du Rafale, A300-600 ST (Béluga), C130, F4F, Lightning, F16, aucune machine ne résiste à Roger Ricard. Plus de 140 machines à son actif pour plus de 7000 heures de vol. C'est donc plus comme une idole que comme instructeur que je considère Roger. Il devient un modèle de réussite à mes yeux et un exemple. Je veux d’ailleurs désormais devenir pilote de chasse !
ULMiste : comment comptes-tu t’y prendre pour atteindre cet objectif ?
Dylan : déjà , pendant ma formation, je profite de la générosité de nombreux pilotes passionnés tout comme moi qui me font voler sur leurs machines toutes aussi exceptionnelles à mes yeux. Je me souviens de vols en D112 sur le F-PHJK, en Cirrus SR22, mais aussi en AS350, ou encore en Extra300L. Mon plaisir, je le prends chaque été quand le CAP10B F-GEOR vient comme de tradition pour le stage voltige annuel du CEVA à l'Aéroclub du Médoc. J'apprends doucement à voir la terre sous d'autres angles, avec le docile avion d'August Mudry. C'est une discipline que j'apprécie particulièrement pour la rigueur de pilotage qu'elle demande et les sensations hors normes qui la caractérisent. Mais malheureusement mes finances ne me permettent pas de poursuivre dans cette voie.
ULMiste : pour l’instant la voltige est une discipline inaccessible pour toi, alors comment enrichis-tu ton expérience de pilote et quelle place a l’ULM dans tout ça ?
Dylan : la voltige pour l'instant ne correspond pas aux moyens d'un lycéen de terminale.
Donc j'ai du trouver des alternatives. On a commencé à faire du vol en patrouille avec Roger pour créer la Patrouille des Dragons une fois rejoints par Richard Martin, le second ailier. Au début, les entraînements sont impressionnants : on vole bas, avec de grandes inclinaisons et en tant que leader, on a conscience de l'importance de bien tenir sa machine vis à vis de celui/ceux qui sont derrière. Puis l'ambiance des quelques meetings que nous avons faits, personnellement Oléron ou Pauillac, avec de superbes rencontres d'autres équipes, comme les Cap Tens, ou avoir les encouragements de Raphael Nal leader de la Patrouille de France, c'est super motivant ! Et le plus sympa, c'est que tout cela s'est fait sur ULM G1 et Spirit ! De plus, je profite de l'ULM pour parfaire mes techniques : l’atterrissage sur piste courte par exemple, car le G1 est super pour ça !
Je peux également voler avec celui qui a été appelé un temps "Dragon1" (le G1) pour le plaisir, seul ou avec des amis, parfois en patrouille. Cet appareil est bien équipé (GPS Garmin, EFIS, etc...) alors il me permet de m'entraîner aux navigations de précision, et autres vols un peu atypiques de perfectionnement. On peut faire beaucoup de choses avec cette machine sans aller jusqu'à la voltige bien sûr !
ULMiste : tant d’expériences vécues depuis ton adolescence ! Cela ne te donne-t-il pas envie de transmettre ta passion autrement, c'est-à -dire en devenant instructeur ?
Dylan : expérience est un grand mot ! Souvent je dis aux pilotes du club que je me considère plus comme un pilotaillon du dimanche. Pour l'instant j'ai vécu de beaux moments en vol, de belles frayeurs et j'adorerais transmettre ma passion aux autres pilotes. Mais j’estime ne pas avoir l'expérience suffisante pour enseigner l'art qu'est le pilotage. C'est bien plus qu'apprendre à un pilote à voler, ça tout le monde peut le faire. Il faut lui apprendre comment se gérer lui-même, comment rester calme dans les situations les plus sombres, lui donner des ruses que seul le temps nous apprend, pouvoir lui éviter les âneries qui nous sont arrivées. Pour moi c'est ça un instructeur de club. C'est quelqu'un qui a un bagage derrière lui permettant d'apprendre à l'élève comment mener un vol en toute sécurité de A à Z, comment le préparer, comment gérer son passager, etc..
La pédagogie et l'expérience s'acquièrent pour moi dans le temps.
Je n'ai que 18 ans, alors un jour, oui, j'y viendrai, mais pour l'instant mes vols baptêmes me permettent de partager ma passion : des fois je fais même le premier vol de futurs élèves du club. Je garde de beaux souvenirs de sourires à la descente de l'avion et de paroles qui font chaud au cœur. C'est une autre manière de se rendre compte qu'on a la plus belle passion qui soit… avant d'aller plus loin.
ULMiste : tu as une camarade de vol très impliquée également dans le monde de l'ULM : que penses-tu de la place des femmes dans l’activité aérienne et plus particulièrement ULM ?
Dylan : oui je suis très attaché à mon amie Aurélie Leguyader. C'est amusant car je l’ai rencontrée par le net et je me suis aperçu que c'était la première personne que je voyais qui était aussi folle de tout ce qui vole que moi ! D'une sympathie à toute épreuve et pilote émérite, notre amitié m'a fait découvrir les femmes, mais sous un autre angle : les femmes pilotes ! Et quelle surprise ! Je n'ai jamais eu de doute sur les qualités de pilote des femmes. Au contraire, elles sont souvent calmes et ont moins de souci d’égo que certains pilotes privés hommes. Mais Aurélie m'a fait perdre un préjugé que j'avais concernant les femmes et la mécanique. Je me souviens encore d'une discussion avec elle sur les moteurs. Piston, soupape, tous ces mots lui parlaient. J'ai été très amusé et content de savoir qu'on était tous sur un pied d'égalité. C'est une belle preuve que nous sommes tous pareils et que les femmes apportent à notre milieu une touche gracieuse et charmante qui ne va pas sans plaire aux pilotes masculins. Et puis c'est bien connu, les pilotes et les femmes, c'est une histoire sans fin !
ULMiste : elles sont fort peu nombreuses aux commandes d’aéronefs hélas…
Dylan : eh oui malheureusement ! Mais je n'ai aucun doute sur les compétences de Monique Bouvier pour motiver les troupes. L’esprit ULM c'est aussi ça : permettre à tous de prendre son pied dans les airs et sans regard différent. Dans la même mesure que pour les jeunes, la communication sur des évènements comme le Rassemblement des Femmes pilotes ULM permet de les attirer. En plus, nombre d'entre elles s'illustre dans notre sport, et je ne doute pas que les derniers crus sont des meilleurs. On espère les retrouver dans les différents évènements, et je souhaite que les autres pilotes ULM de la gente masculine se joignent à moi pour les soutenir. Chez nous Valérie Lescanne montre la voie sur le Trek HKS du club et on espère vivement avoir d'autres adeptes du pendulaire sous peu, et des plus jeunes ! Que demander de plus ?
Je conclurais en disant ceci : n'oubliez pas que tout est toujours possible quand on s'en donne les moyens, et qu'il y a toujours un moyen pour vivre sa passion à tout âge, qu'on soit petit grand, brun, roux, un homme, une femme. L'ULM est l'exemple parfait de cette diversité et de cette liberté dans les airs !
Malgré mes rêves d'avions de chasse et de carrière de pilote professionnel, je jure fidélité à l'ULM et suis sûr que je n'aurai aucun mal à respecter cet engagement !
Et comme diraient les chasseurs « à l'ULM bordel ! »
(Merci à Sylviane et ULMiste pour cette opportunité de partage de mon amour pour tout ce qui vole ! Fly safe :) )
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