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Coralie et Alexandre Mateos

Article paru dans ULMiste n°3, octobre 2010

 

Coralie et Alexandre Matéos

 

Ils se nomment Mateos. Coralie, Alexandre. 25 et 18 ans. Elle est assistante commerciale, il est apprenti menuisier. Leur papa anime l’école “Annecy paramoteur”, ce qui explique en partie qu’ils soient tous deux champions de France paramoteur 2010 ! Suffit-il d’être “fille et fils de” pour en arriver là ? Demandons-leur avec d’autant plus d’entrain qu’ils ont bien d’autres choses à dire !

 

ULMiste : Coralie et Alexandre Mateos, depuis combien d’années pratiquez-vous le paramoteur ?

 

Alexandre : je pratique le paramoteur depuis 3 ans mais ça fait 6 ans que je fais du parapente. Mon premier biplace en parapente je l’ai fait à l’âge de 4 ans.

 

Coralie : j’ai commencé en septembre 2007. Mais, comme Alexandre, je pratique le parapente depuis longtemps.

 

ULMiste : quel type de pratique au moteur et combien d’heures par an ?

 

Alexandre : je pratique beaucoup d’acro donc beaucoup de mania ce qui me permet de m’entraîner pour les championnats. Je vole environ 150 heures par an en comptant les compétitions.

Coralie : je compte une centaine d’heures par an. Je ne pratique pas d’autre activité motorisée mais je pense me mettre au pendulaire prochainement (un nouveau domaine de vol à découvrir !).

 

ULMiste : comment devient-on champion de France en si peu de temps ? Suffit-il de pratiquer beaucoup ou le type de vol, ce que l’on y recherche, influe-t-il sur la progression ? Pour préciser, volez-vous uniquement en mode “entraînement”, ou arrive-t-il que vous voliez pour le seul plaisir d’être en l’air ?

 

Alexandre : je sais pas quoi répondre mais déjà avant tout je vole pour mon seul et unique plaisir et en même temps, sans m’en rendre compte, cela m’entraîne. C’est surtout les semaines avant les championnats de France que là on va vraiment voler pour s’entraîner. Mais sinon on pratique tous les week-ends. Dès qu’il fait beau on vole soit en parapente soit en paramoteur.

 

Coralie : mon expérience en parapente y est pour beaucoup dans ma progression en paramoteur. J’ai également eu la chance d’être entourée de pilotes chevronnés comme Mathieu Rouanet, Jérôme Pommier. Je me rappelle d’un entraînement où Math me coachait en mania. En une demi-journée, il m’a permis de descendre mon chrono d’une minute, ce qui est énorme en mania. Mais il n’y a pas de grand secret pour progresser, que ce soit dans n’importe quel sport, il faut pratiquer.

 

Me concernant, je n’ai pas la fibre “magique” comme certains, qui leur permet de comprendre et de réussir très rapidement ce qu’ils entreprennent. J’ai besoin de voler et voler avant d’arriver au résultat que je souhaite. Cela me demande beaucoup de persévérance, de travail et de motivation. Et les résultats m’encouragent ainsi que mon frère et mon père.

Le plaisir d’être en vol, oui mais j’ai besoin d’avoir un but précis quand je décolle, soit pour m’entraîner, soit pour partir en balade avec les copains ou faire de la photo.

 

ULMiste : Coralie, cette approche du vol et ton expérience de la compétition influent-ils sur la pédagogie que tu développes avec tes élèves ? Alexandre, ton avis est bienvenu également !

 

Coralie : oui, sûrement. La compétition m’a appris à être beaucoup plus méthodique, j’ai appris également à me mettre dans une bulle. Ce sont des choses que j’essaie de leur inculquer: être méthodique lors de la prévol. Ne pas se laisser déconcentrer par ce qui nous entoure. On donne souvent des exemples de choses vécues. Et sur une semaine de compétition on en apprend beaucoup en discutant avec les autres pilotes.

 

Alexandre : moi je dis, il ne suffit pas d’être bon pilote pour être bon pédagogue et quand on est pédagogue il faut être calme et savoir écouter les autres et là, la compétition peut aider.

 

ULMiste : que pensez-vous de la formation paramoteur telle qu’elle s’observe aujourd’hui ? Théorie et pratique ?

 

Alexandre : je pense que la théorie n’est pas adaptée au paramoteur. C’est vrai que le brevet est fait pour que tu le passes une seule fois et tu peux pratiquer plusieurs disciplines. Ensuite, au niveau pratique, il y a des instructeurs qui jettent leurs élèves en vol un peu tôt et qui donnent la pratique après 5 vols. C’est pas sérieux, les élèves ne sont pas autonomes.

 

Coralie : tout a fait d’accord avec Alex ! Un brevet théorique inadapté au paramoteur. On nous parle de bille, de manche... mais pas de notre parapente. Et pourtant quand on jette un œil sur les QCM de la FFVL, il y en a des choses à savoir sur notre aile ! Quant au fait que des élèves sont brevetés au bout de quelques vols sans être AUTONOMES, ça me révolte ! C’est irresponsable !

 

Je pense qu’il faut aussi voir du côté de la formation des instructeurs. Beaucoup d’écoles existent et beaucoup proposent une formation différente, en durée et contenu...

 

On a besoin d’une “charte type”. Une bonne formation de pilote paramoteur commence par une bonne formation des instructeurs.

 

ULMiste : pourtant, normalement, chaque école doit dispenser le même enseignement et tous les instructeurs sont formés à la même enseigne. D’où viendrait ce problème et que faut-il faire pour le résoudre ? C’est quoi, être un pilote de paramoteur autonome ?

 

Alexandre : un pilote paramoteur autonome c’est un pilote qui sait atterrir et décoller en toute sécurité et qui connait la réglementation.

 

Coralie : … et qui est capable d’analyser les conditions dans lesquelles il va voler. Dans notre école, on essaie de leur faire prendre conscience de la nécessité des stages de perfectionnement. Je reviens à la formation parapente où les pilotes n’hésitent pas à retourner dans une école pour se perfectionner. En paramoteur, beaucoup pensent encore qu’une fois le brevet en poche, ils n’ont plus rien à apprendre dans une école. Alex et moi, par exemple, nous essayons de faire un stage par an.

 

ULMiste : dans le vol libre, l’absence de réglementation a induit un comportement totalement auto responsable des divers intervenants. De ce fait, en effet, le retour à la formation est entré dans les mœurs et incontournable dès l’instant que l’on veut progresser, voire simplement maintenir son niveau. A l’inverse, dans l’ULM, réglementé, l’idée est qu’une fois le brevet en poche, théorie et pratique, on achète sa machine et on s’en va voler chez soi. On ne revient pas en formation puisque rien ne l’impose, ni loi, ni habitude. Quel discours peut-on tenir pour inciter les pilotes à revenir se perfectionner, sachant que tout le monde n’a pas forcément vocation à se frotter à vous lors de prochaines compétitions ? 

 

Coralie : je ne trouve pas qu’en vol libre il y a un manque de réglementation, disons que c’est plus souple. Ils ont de l’avance sur le paramoteur, au niveau de la formation. Je n’ai pas dis non plus que tout était bon à copier. Mais je sors de ces écoles de parapente justement, où l’on nous apprend dès le début que même avec un certain nombre d’heures de vol à notre actif, on a toujours à apprendre. Mon père, instructeur paramoteur, a aussi débuté par le parapente et il nous a formé au paramoteur de cette façon, il nous a toujours incité à nous perfectionner, soit par des stages de pilotage (école de parapente K2), soit avec des stages perf avec Mathieu Rouanet. Et ça même si c’est lui qui paye ! (rires), on ne devient pas “concepteur de champion” sans rien ! (rires) (cf : vidéo « interview with Jean Mateos » sur YouTube, par Mathieu Rouanet).

Sans forcément inciter les pilotes à faire de la compétition, on essaie de leur faire prendre conscience que c’est pour se perfectionner, pour découvrir d’autres façons de faire. Soit pour apprendre à exploiter les thermiques, soit juste pour perfectionner les décos ou bien encore pour effacer les mauvaises habitudes qu’on prend tous à un moment où un autre…

 

Alexandre : on a toujours quelque chose à apprendre. Quand on vole tout seul chez soi, on se croit le meilleur mais quand on vole avec d’autres personnes, c’est là que l’on voit que l’on n’est pas du tout le meilleur et que l’on peut encore progresser. Donc c’est là qu’interviennent les stages de perfectionnement.

 

ULMiste : vous qui êtes nés plus ou moins en même temps que le paramoteur, que pensez-vous de l’évolution du matériel ? Dans quelle direction allons-nous pour les années à venir ? Toujours au sujet du matos, que dites-vous aux moins jeunes qui voient le paramoteur comme un truc lourd sur le dos (avec lequel il faut courir) ?

 

Alexandre : je trouve que ça évolue très vite. Avant, c’était des moteurs lourds et au niveau puissance sa faisait plus de bruit que ça poussait mais aujourd’hui on a des moteurs très légers qui poussent bien, qui sont fiables et qui font très peu de bruit. Maintenant, le bruit que l’on entend, c’est l’hélice. On va beaucoup dans la direction de l’électrique et un peu de quatre temps mais pour l’instant je préfère mon deux temps.

Le truc lourd ? ça doit faire un moment qu’ils n’ont pas soulevé un moteur. Et puis le poids ce n’est qu’au décollage et à l’atterrissage.

 

Coralie : ça ne fait pas très longtemps que je suis dans le milieu du paramoteur mais déjà je trouve que ça a évolué. On met en avant la puissance, avec le moins de bruit possible et bien sûr on essai d’alléger la machine. L’électrique sera certainement notre futur.Les jeunes ne sont pas difficiles à  convaincre, c’est même eux qui viennent vers nous par curiosité et quand on leur met le moteur sur le dos : “c’est pas si lourd que ça n’y paraît !” Et on leur explique qu’une fois la voile au-dessus de notre tête, c’est elle qui porte le moteur. D’où l’importance de faire du gonflage.

 

ULMiste : pour finir, estimez-vous que le paramoteur est bien intégré et représenté dans l’ULM ? Au niveau fédéral, compétitions, dans le milieu en lui-même ?

 

Coralie : en effet, j’ai le sentiment que le paramoteur est bien intégré dans l’ULM. Nous sommes souvent réunis lors de manifestations où nous volons ensemble. On s’échange nos impressions de vol et nos expériences. On partage le même terrain de jeu et à partir du moment où tout le monde se respecte, tout se passe super bien. La preuve, il existe plusieurs bases ULM en France où les paramoteurs sont très bien intégrés.  C’est à chacun de nous de faire que la cohabitation se passe bien. Il ne faut pas oublier qu’on a un point en commun : notre passion de voler !!!

 

Alexandre : dans les compétitions il est bien représenté mais après, au niveau fédéral, on n’entend pas parler beaucoup de paramoteur.

 

 

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