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Editorial ULMiste n°6

Article paru dans ULMiste n°6, octobre 2011

 

Les moutons ne paîtront plus…

 

Sur un grand aérodrome du nord de la France, comme sur bien d’autres, des ovins s’étaient vu confier la tâche de la tonte des servitudes herbeuses, depuis des décennies et pour le plus grand bonheur de tous. L’éleveur qui les nourrissait, les aviateurs qui avaient une charge de moins, les voisins qui faisaient l’économie de la nuisance sonore immobile et persistante d’une polluante tondeuse mécanique… bref, ce que l’on nomme, à l’école primaire, un écosystème : l’ovin, destiné à finir au méchoui annuel du club après que sa laine ait fourni des housses de casques et des brins de symétrie, se nourrissait, gratuitement, de l’herbe grasse que l’emprise des aérodromes préserve de produits chimiques nocifs. Ecologique, voire même biologique, voilà qui était dans l’air du temps et même mieux, puisque dépourvu de toute idéologie.

Mais, patatras, voilà notre ministère de tutelle, dit « de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement », qui s’en vient mettre un interdit aux paisibles quadrupèdes, au bénéfice exclusif, définitif et non négociable d’un tracteur à pétrole, la seule tolérance à la nature étant que le foin ainsi produit puisse être récupéré par un éleveur voisin.

Et nous y voilà, la tartufferie d’Etat mise au grand jour, dans toute sa splendeur ! Si, avec des mesures pareilles, on se réclame encore de « l’écologie », alors, la seule bonne nouvelle pour nous autres, supposément pollueurs, est qu’on nous prend pour des cons. C’est officiel. Surtout quand, dans le même temps et pendant que la folie collective qui touche une grande part de notre milieu lui-même ne jure que par l’électrique alors que les meilleurs spécialistes mondiaux annoncent d’hypothétiques avancées probantes d’ici vingt ans et pas avant, nous faisons nous-mêmes la preuve de la validité de nos formules actuelles. Le Greenelis de Lucas et Stervinou consomme 1,8 l/100 km à 160 km/h, avec un bête moteur à combustion. Les deux-temps à injection directe, dont nous avons montré le caractère fondamentalement protecteur de la nature dès notre seconde livraison, volent désormais sur les planeurs Albastar. Les divers challenges aériens à prétexte écologiste sont remportés pas nos moteurs actuels sur des cellules optimisées, pendant que les aéronefs électriques restent sagement à leur place : sur la moquette synthétique des salons et dans les pages de publi-rédactionnel d’une presse aux ordres. Mais, surtout, pour le peu de temps qu’ils arrivent à tenir l’air, branchés sur des centrales au charbon ou à l’atome, dont les Pennsylvaniens, Ukrainiens et Japonais ont pu prendre la mesure de la dimension écologique…

Ce mouvement-là, nous ne pouvons pas le suivre, parce qu’il nous est fondamentalement hostile. Dominique Voynet, issue du canal historique et certainement sincère de l’écologisme idéologique, qui fut la première de ce mouvement à assumer le pouvoir en étant ministre de l’écologie dans le gouvernement Jospin, n’a jamais caché son hostilité envers nos ULM. Nicolas Hulot, médiatique chantre de cette mouvance, s’est même vu vertement reprocher par cette dernière son parcours mécanisé. Lequel aventurier, alors candidat à l’élection suprême, nous a fait savoir qu’il refusait de répondre à notre simple question : « vous qui devez une grande part de votre notoriété à l’ULM, quelle est votre position sur l’avenir de ce loisir, sachant que le mouvement dont vous briguez la représentation y est ouvertement hostile ? »

 

Nous ne sommes aucunement hostiles à l’écologie. En revanche l’écologisme, système idéologique au service du grand capital, qui n’existe que pour décupler la consommation des plus riches en faisant admettre aux pauvres que leur moindre niveau de vie est œuvre pie, nous ne pouvons y souscrire et n’y souscrirons donc pas. Ce qui ne nous empêche pas de chercher de vraies solutions pour notre planète, qui existent et font leurs preuves. Mais en marge, voire à contre-courant, des moutons qui suivent les ordres et le mouvement sans discernement ni le moindre début de réflexion.

 

Pierre-Jean le Camus

 

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