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Fly to Dakar (septembre 2002)

Exculisivté Web

 

Fly to Dakar : France, mornes plaines (2)

 

Lundi 2 septembre 2002 : Montpezat - Agen - Grauhlet – Torreilles (Perpignan) 

 

Pierre-Jean le Camus

 

Pour des raisons douanières, il nous faut poser à Agen. En effet, du fait que nos machines reviendront par bateau et non par la voie des airs, un carnet A.T.A. (Autorisation Temporaire - Temporary Autorisation) a été exigé. Ce document, qui doit être signé par les autorités au sortir de la France, puis à chaque passage de frontière, nous suivra tout au long de notre périple. Agen est le seul aéroport douanier à accepter de nous laisser poser, cependant qu'ailleurs les fonctionnaires refusaient de se déplacer... l'absurde existe aussi chez nous. Le représentant local de la douane, lui, a bien voulu signer et tamponner nos papiers. Notre départ fut considérablement retardé par les tours de piste d'un moyen porteur en école, ponctués de deux passages d'un A 340 !

 

Les curieux locaux ont pu alors découvrir les curieuses mœurs des pendulistes (pilotes de pendulaire) : on s'habille, on scrute, on attend, on voit que ça va être long, on a chaud, on se déshabille pour tout remettre aussitôt, puis on recommence au début… 

De Agen à Grauhlet, nous suivons la Garonne, puis le Tarn, avant de couper à travers la pampa. C'est ici ma région natale, et je passe au sud de Montauban avec émotion. J'explique mentalement à Ingres que mon violon à moi, ce sont mes pinceaux ! A Grauhlet, il n'y a personne au club ULM. Un coup de fil fera venir tout à l'heure l’ami Barcouda, grâce auquel nous pourrons remplir nos réservoirs. Nos ventres à nous sont moins patients. Le restaurant local est sur le point de fermer, mais la tenancière, touchée par notre projet rapidement exposé, nous offre en toute simplicité et de manière maternelle un grand plateau de fromages. Contrairement à la totalité des bars d'aérodromes, celui-ci a su canaliser une large clientèle extérieure. A l'issue de cette collation durant laquelle Patrice est arrivé, Pascal fera un rapide réglage de carbus sur un 912.

 

Dès le décollage, en plein midi, les tortures commencent. A la verticale du centre national de vol à voile de la Montagne Noire, nous comprenons sa raison d'être. Ca brasse sévère ! Puis, les kilomètres défilent malgré le vent de face jusqu'à Narbonne, où une brume d'origine maritime réduit la visibilité, la température et la patience. Près de la côte, les flamands roses sont irrésistibles, et je m'offre deux trois radadas histoire de tourner quelques images, mais sans trop descendre ni m'approcher, pour la sécurité et le bien être de tous. Le posé sera un peu rock'n roll à Torreilles chez Michel Lopez, étape presque obligée avant de passer les Pyrénées par l'Est. Nous aimerions franchir cette chaîne dès ce soir, mais Michel nous le déconseille. Il connaît sa région, nous nous inclinons, et dormirons dans la salle de cours.

Là, nous étalerons les cartes afin de mesurer le chemin qui reste à parcourir. Erreur, il faudrait plutôt se faire une idée des kilomètres déjà parcourus, c'est-à-dire 10% du parcours, déjà ! Entre temps, nous sommes allés manger dans une gargote locale avec la Ford Sierra que Michel met à disposition des visiteurs aériens, pour notre plus grand plaisir. Cette auto, c'est un avant-goût d'Afrique ! Les pleins d'essence nous sont gentiment offerts, et nous voilà prêts à partir. Actions vitales, un allumage ne répond plus sur le DTA. Bêtement, je lance dans l'intercom "qu'est-ce qu'on fait ?" Quel idiot ! Sur le  point de passer les Pyrénées, un allumage mort, et je me demande ce qu'il conviendrait de faire ? Pascal me connaît bien : "on répare, ducon !" Seul, j'aurai décollé. Sept pannes moteur depuis que je vole, dont quatre qui auraient pu être évitées si j'avais réfléchi un minimum, et j'en suis encore là… Le tabagique que je suis sait aussi qu'il joue avec la mort… Curieux, l'être humain, qui est ainsi capable de jouer avec sa vie aussi facilement qu'avec des boules. Déshabillage des pilotes et des circuits électriques, pinces, clé de 8, scalpel, Pascal trouve, répare le fil sectionné, nous décollons enfin.

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