Fly to Dakar (septembre 2002)
Exculisivté Web
Fly to Dakar : La douloureuse...
Dimanche 8 septembre 2002 : Beni Mellal - Marrakech : 2 h 30
Pierre-Jean le Camus
Nous longeons l'Atlas, cap à l'Est, histoire de l'observer, le défier, prendre la mesure de notre dernière bataille avec ce caprice géologique. 200 kilomètres, ça devrait aller vite, nous pouvons être à Taroudannt ce soir. Immenses platitudes de sable jaune et ocre, délice, nous faisons une course d'ombres, descendons très bas sur l'unique route, que nous suivons, pour lire les panneaux et amuser les gens, du pur bonheur d'aviation véritable ! A proximité de Marrakech, quelques kilomètres après Tamelelt, le décor change avec douceur, la verdure s'impose petit à petit, les maisons deviennent luxueuses, enfin pas toutes bien sûr. Très belle étape malgré un petit vent de face qui se fait bien vite oublier. Aéroport International : gros trafic. Nous nous posons devant un 737 au point d'arrêt, je ne puis résister, je lance un grand coucou à l'équipage de conduite médusé. Voilà bien 5 minutes qu'il nous attend là !
Nous passons sous un 747 pour aller au parking. C'est drôle. Sitôt dévêtu de mes nombreuses couches, devenues plutôt futiles sous les 40° qui règnent ici, et pendant bien sûr que les copains font les pleins (ça marche, mon truc !), je me rends au bureau de piste, tout fier de clôturer mon plan de vol dans les temps ! J'en redemande un pour Taroudannt. "Avez-vous l'autorisation de poser à Taroudannt ?" Ben c'est nouveau, ça. "Oui, il faut l'autorisation du gouverneur pour poser là . - Bon, d'accord, comment puis-je entrer en contact avec cet homme ?" On m'apprend alors que les services de ce notable sont fermés le dimanche. La tuile ! Je scrute la carte : "Et Agadir, faut le droit ? - non, Agadir, ti peux y aller". Je pose donc un plan de vol pour Agadir. Nous y passerons la nuit, et demain matin il ne restera que 70 kilomètres pour Taroudannt, même si ça n'est pas direct. Il nous faut impérativement poser à Taroudannt, notre ami Jacques Pierre nous y attend, ainsi accessoirement qu'une nouvelle réserve d'huile. Je reviens sur le tarmac apprendre la nouvelle aux copains. Ce n'est pas l'enthousiasme, on se faisait une joie de voir Jacques ce soir. Nous avons trois heures de vol jusqu'à Agadir, la nuit tombe à 18. Nous devons donc être en l'air à 14 h 30 au plus tard. La chose ne sera hélas pas possible. Le trafic s'est considérablement accru, et nous souhaiterions laisser au moins 5 minutes entre le dernier et nous, afin d'éviter les turbulences de sillage de ces gros machins, qui ne nous sont guère favorables…après près d'une heure d'attente sur nos machines, en tenue et liquéfiés, nous serons contraints de renoncer. Pendant que les copains mettent les ailes à plat, je retourne au bureau de piste pour essayer d'accélérer notre affaire pour demain (mon astuce de tir au flan marche toujours, hé hé hé.) On me répète que je ne pourrai rien faire avant demain matin. Un coup d'œil dehors, les copains n'ont pas encore terminé, j'attendrai encore un peu à discuter avec le gars avant de revenir vers eux en prenant un air préoccupé, faut bien se justifier, et faire croire que "oui mais pendant ce temps-là , moi, j'ai nos soucis à résoudre." Un taxi nous amène en ville. Son chauffeur s'appelle Rachid, il nous donne son numéro de portable pour une ballade en ville ce soir et la course demain matin. Fort bon repas et bonne nuit à l'hôtel Charles de Foucauld. Nous faisons pour la première fois chambre à quatre.